Voilà pile deux semaines qu’elle est à bord. La belle Molly a chamboulé mon emploi du temps de vieillard. Mais ne brûlons pas les étapes.
La perte de Buck a été un vide immense dans la casbah. Au troisième mois, et bien que nous n’ayons pas libéré les cendres du fils du vent, toujours dans mon coffre sous la dunette, nous avons décidé de reprendre un kien. Bon cette fois-ci pas un chiot, trop de souvenirs. Non, il y a tellement d’animaux malheureux. Un sauvetage nous semble plus adapté. Le fantôme du précédent hante encore chaque recoin du navire.
Nous commençons pendant quelques jours à scroller, mais le déroulé, c’est comme pour Tinder, tu matches dans l’appli, la avec des cœurs, mais niveau feeling y' a rien qui passe.
Entre-temps un entrefilet dans le canard local nous informe que plus de quatre vingt clébards ont été saisis chez un particulier. Nous voilà donc en route vers un refuge du périmètre ou certains ont atterri . Les animaux sont bien traités , mais l’annonce a attiré la moitié de la plèbe du périmètre. On peut se foutre de ma poubelle trentenaire de Beetle, il y a encore des R21 qui circulent.Donc autant de chances d’obtenir un canis pur sang que de gagner à l’heureux-million. Surtout que nous avons un handicap de taille sur le fameux questionnaire d’adoption.
Pas de clôture.
Juste une haie. Une personne à temps plein. Un jardin. MAIS :
Pas de clôture .
Niet.
Bon, on sort un peu déçu. Du coup je reprends mon scroll et je vois qu’il y a deux de mes coups de cœur à une SPA cette fois ci, mais à cent bornes. Cent bornes de plus. Les pirates n’ont jamais peur de louvoyer, on passe donc par le pont de saint Nazaire. Madame a toujours le vertige. MDR.
On arrive un peu tard. Cela va fermer Sur les deux, l’un est un magnifique setter, qui est en désintox pour un mois minimum, sa maîtresse l'ayant drogué car trop ‘remuant’ en appartement, (et moi qui n’est pas de clôture, smiley) , l'autre une adorable staff toute mimi, mais qui impressionne trop le bosco, elle utilise son véto.
Une semaine passe nous tentons en dernier recours la SPA locale perdue au fond des bois.
Rebelote avec la sentence :
Pas de clôture.
Mais je vais quand même voir les chiens, pendant que le bosco se fight avec un cerbère pour une fois gardien de toutous.
- Je n’irai pas voir les chiens, si je ne peux pas en adopter.
C’est chaud. il y a les cages avec ces yeux partout. Au milieu, une grande cour grillagée ou les chiens se détendent un peu les pattes. Comme toujours les aboiements ici ou là. C’est un passage tendu, tous ces cris. Au milieu de la cour ou tourne une meute hurlante, assise au sommet d’un monticule, elle me regarde.
Juste un regard. Je rentre. Le bosco a terrassé le cerbère et nous sortons avec la chienne au regard. Le courant passe.
Quelques jours plus tard, elle est sur le rafiot. Renommée Molly, elle bouscule ma vie du premier matin où elle se réveille. Me voilà avec vingt bornes par jour. Tout se fait désormais à pied. Évidemment je dors mieux. Elle mange tout ce qu’elle trouve, dépouille mon seau de petits bois et en fout partout. Je ne sais rien de son passé, à part son long séjour au refuge. Elle est marquée trois ans, mais ses dents ne sont pas toutes sorties et la travaillent toujours. Je pense que le véto, vu sa grande taille, s’est fourvoyé. Au regard de comment elle lape dans les caniveaux elle a dû vivre un moment dehors. Comme bibi a son âge. Sinon c’est une crème. Si un chien fonce vers elle en aboyant , beaucoup sont en liberté dans le périmètre, elle le laisse venir, à un mètre se penche sur ses pattes avant, lève son pont arrière, montre ses jolis crocs et lâche un WAAAFF retentissant qui stoppe net le malotru.
Je commence à être un peu long. Une dernière.
Je lui ai acheté un tibia de bœuf pensant que cela l’occuperait plus que les bouts de bois. Je pars me laver, certes je suis un peu long. Y a du taf le matin pour reprendre forme humaine.Je reviens, de l'os, il ne reste qu’un moignon.
Voilà, la reine Molly qui vit désormais sans clôture, une vraie vie de kien.
Bienvenue Molly ! Et bravo pour le sauvetage. Tous ces abandons me laissent toujours perplexes et vaguement misanthrope.
RépondreSupprimerMerci !
SupprimerJe suis toujours effaré du nombre d’abandons. J’ai failli en prendre un second. Mais il faut raison garder. En tous cas je tire mon chapeau aux bénévoles qui s’occupent de tous ces animaux. Si cela n’avait pas été si loin j’aurais donné de mon temps à ce refuge. et puis je suis donateur depuis quelques années .c’est mon troisième chien de la Spa. J’en avais pris un pour ma maman qui, passée 80 printemps, ne pouvait plus adopter. Je m'étais porté garant. Seule avec son bas rouge dans sa grande maison pendant longtemps. Quand elle est partie, j’ai récupéré la vieille chienne avec mon Buck. Promenade a deux laisses. Comme un punk à chien 😂