23 avril, 2025

Le dernier des aventuriers

 

Bidart vue des vagues

j’ai pas grand chose à raconter de neuf. Je vous ai déjà rencardé sur mes quinze, vingt bornes journalières avec la pépette. C’est comme si on avait repris LA route.
Justement en parlant de ‘on ze road’.
Avant que ma mémoire ne finisse de s'effilocher, il serait temps que je parle de Jli.
Je me demande pourquoi je n'ai pas encore mis ce personnage dans ma galerie de portraits ici. A l’instar de George, Mikko, ou Daniel tous entassés dans mon étiquette ‘rencontre’..
Sûrement parce que, de tous les quidams que j’ai croisé, je pense que c'est un des rares qui m’a impressionné en tant que BONHOMME.
J’aime bien ce terme ‘bonhomme’, il n'est plus beaucoup utilisé aujourd’hui. La mode n'est  plus aux bonhommes.
C’est pourtant un des rares cadors que j’ai rencontré.
A cette époque, j'avais touché le fond. M'étais enfui de ma banlieue, ou ma bande de potes viraient psychédélique et mauvais coups.
Après ma traversée sur le pouce en long et large du pays, me suis échoué à la chambre d’amour. Le nom avait tapé à l'époque mon mental de puceau romantique. Plus un flèch et l'appétit qu’on peut avoir à seize ans. Des journées assis sur le bord de mer à regarder les traits vif argent d'écumes des surfers sur les vagues de la barre. Et pour subsister,  la tournée des campings pour ramasser les consignes de verre. J’ai déjà raconté ça.
Je radote, c’est la proximité des septante rugissants.
La première fois que je l’ai vu, il arrivait droit sur ma canadienne, que je venais à peine de dézipper après une courte nuit comme on en a à cet âge. Il se mouvait d’une démarche chaloupée déterminée . Une barbe qui masquait sa mâchoire carrée, des épaules de déménageur de pianos et une coupe de douilles auburn au carré tombant sur les épaules et qui ondulait au rythme de son pas chassé.
À l'horizontale dans mon tube en nylon, à peine plus large que mon sac de couchage, j’y ai vu un chasseur néandertalien.
J'avais deux semaines de retard sur le paiement de l'hébergement de l'auberge de jeunesse. J’avais déjà calculé le keum. Barman de la boîte sous la casbah et un peu vigile de la tribu de jeunes routards interlopes qui peuplaient le lieu.
J’avais donc anticipé un échéancier de remboursement de tchatcheur du neuf cube. Mais au bout de deux minutes de discussion, on était raccord. Lui, natif de Sannois, on a donc vite déroulé la partie émergée de nos pedigrees . Il s’est donc créé de suite un lien, qui ne sera pas rompu les années suivantes. Jusqu'à ce que le SN me rattrape six ans plus tard et que nos chemins bifurquent.
Tout de suite il me teste en me proposant du taf chez un pote dans une usine de bateaux sur l’adour, à poncer des cabines en résines.
Huit heures par jour, la résine me rentre sous la peau et les yeux. Je tiens trois jours. Au final je passe second au bar, car il y a suffisamment de taf pour deux. Voilà comment je suis devenu saisonnier et pote avec JLI.
moniteur de ski, de voile et de delta, c'était un monstre de sport. On est devenu potes. On passait du JJ Cale , Schmoll, David Mac Neil, van Morrison et bobby La pointe.
Ouh la ! Instant nostalgie.
Un jour il est barré dans les mers du sud à convoyer des bateaux entre la calédonie et je sais plus quelle île perdue. J’ai lu ça sur Google dans un entrefilet de presse, quarante ans après, en cherchant ce qu’il était devenu.
Moi, comme aventures, j’ai hanté le RERB pendant le même nombre d'années.
Il n’y a pas beaucoup de gens qui ont la chance de rencontrer quelqu’un pour leur tendre la main quand ils sont en pleine misère.
Il est donc malnor que je le place, ce héros,  en bonne position dans mon tag rencontre sur ce journal de bord.
En rédigeant cette note, j’ai fait des recherches  pour voir ce qu’il advenait de mon saint homme quand même d'une dizaine plus âgé que moi.
J’ai trouvé une photo de 2024 d’un vieux monsieur toujours barbu et de sa femme, au pied de leur bateau echoué dans la péninsule d'Eyre, bloqué la dans leur tout du monde. Yep.
A première vue le karma fonctionne, un gros camion étant venu charger leur imposant voilier.

@ pluch tient, lui sur le banc à Bidart en septante six , la mer l'a peut être enlevée depuis ce superbe banc, et comme je suis grand prince, son sosie musical en suivant puisqu'on cause beach boys.




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Allez y causez !
Avec le renouveau des trolls qui se la racontent, je modère systématiquement, normal ,je suis seul maitre à bord.
Donc ceux qui ne savent pas se tenir vont à la planche direct..

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