12 avril, 2025

Bertrand


Je n’ai pas la tête à traîner sur le net. Deux rayons de soleil et me voilà dehors à bricoler ou errer sur la lande avec miss Molly. Je m'auto déborde avec toute une liste de tâches sagement listées sur mon bloc de flibustier.
Celles qui ne sont pas finies le jour attendent le lendemain.  

J’ai dégoté dans la bibliothèque du Reup,  qui attend sagement son sort dans moult cartons, un livre sur Du Guesclin. Jusqu'à présent, je ne connaissais de lui que l'école privée dans ma ville d’hier, établissement qui fût par la suite lors d'une modernisation et d’un agrandissement conséquent renommé en l'espérance. Pourquoi avoir changé le nom ? Aucune idée. Il fallait sûrement un truc bateau, pour les parents d'élèves, l'espérance que leurs chiards en chient moins qu’eux. Mais je ne vais pas me répandre sur les écoles privées en ce moment, dont je me demande pourquoi nous, je veux dire, l'état en déroute financière, les subventionne toujours. Mais revenons à Bertrand. L'édition est de 1934 un certain M.S Coryn et franchement c'est une pépite.


 Je le dévore comme une série moyenâgeuse de haute qualité. Je me demande même pourquoi, à l’heure où on nous pollue de Vikings et autres histoires de l'an mille et des brouettes générées par l’IA, personne ne se soit penché sur le scénario d’enfer de la vie de ce large d'épaules breton. Min-dieux, souvent la réalité dépasse la fiction. Et puis il y a la CHEVALERIE, avec toute la partie honneur et respect de la parole, que cela implique. Avant que ce mot ne soit galvaudé par les gueux ou les infidèles. (Infidèles dont je fais parti, mais le placer c'est fun, très tendance en ce moment, ça remonte mes stats.)

Il y a même un p'tit coté meetoo dans ce tas de feuilles jaunies, avec sa Tiphaine qui contrôle les actions politiques de son Hulk de mari.

Voilà je ne l’ai pas terminé parce qu'avec tout les travaux de printemps qui m’attendent je ne peux, innocemment, rester à bouquiner l'aprèm. Débordé, entre la sortie pain, le jardin qui respire le courlu et la todo liste du Bosco, je n’ai pas deux heures pour m’avachir dans le canapé de la dunette plein sud...

Il me fallait une chute à cette note. Je l'écris donc un mois et deux semaines plus tard. Tout ce temps, pour lire un livre passionnant, moi qui en lisait trois par semaines fut un temps, je suis effrayé par le mot vieillir. Et puis j’ai lu ici ou là. La dégringolade de la lecture.


Je renforce les statistiques sur la chute de ce média chez les vieux dernièrement.
Voilà on ne lit plus.


On zappe.

Voilà un mot qui nous ramène fissa au monde d'aujourd'hui, et ses starter-kit. Quoique, entre ce pavé sur  le moyen âge et l’affolement de ces derniers temps dans ce que je lis à droite ou à gauche, il y a de curieuses analogies. Comme quoi lire, non rien.



En tous cas si je repasse dans le neuf cube avec un peu de temps, cette fois,  j'irai voir la tombe de ce Bertrand, royalement enterré dans la basilique au pied de son roi, prévoyant ce charles, sûrement pour continuer à le servir dans l'au delà.


06 avril, 2025

Pas de clôture !

 


Voilà pile deux semaines qu’elle est à bord. La belle Molly a chamboulé mon emploi du temps de vieillard. Mais ne brûlons pas les étapes.

La perte de Buck a été un vide immense dans la casbah. Au troisième mois, et bien que nous n’ayons pas libéré les cendres du fils du vent, toujours dans mon coffre sous la dunette,  nous avons décidé de reprendre un kien. Bon cette fois-ci pas un chiot, trop de souvenirs. Non, il y a tellement d’animaux malheureux. Un sauvetage nous semble plus adapté. Le fantôme du précédent hante encore chaque recoin du navire.

Nous commençons pendant quelques jours à scroller, mais le déroulé, c’est comme pour Tinder, tu matches dans l’appli, la avec des cœurs, mais niveau feeling y' a rien qui passe.

Entre-temps un entrefilet dans le canard local nous informe que plus de quatre vingt clébards ont été saisis chez un particulier. Nous voilà donc en route vers un refuge du périmètre ou certains ont atterri . Les animaux sont bien traités , mais l’annonce a attiré la moitié de la plèbe du périmètre. On peut se foutre de ma poubelle trentenaire de Beetle, il y a encore des R21 qui circulent.Donc autant de chances d’obtenir un canis pur sang que de gagner à l’heureux-million. Surtout que nous avons un handicap de taille sur le fameux questionnaire d’adoption.

Pas de clôture.
Juste une haie. Une personne à temps plein. Un jardin. MAIS : 

Pas de clôture .
Niet.

Bon, on sort un peu déçu. Du coup je reprends mon scroll et je vois qu’il y a deux de mes coups de cœur à une SPA cette fois ci, mais à cent bornes. Cent bornes de plus. Les pirates n’ont jamais peur de louvoyer, on passe donc par le pont de saint Nazaire. Madame a toujours le vertige. MDR.

On arrive un peu tard. Cela va fermer Sur les deux, l’un est un magnifique setter, qui est en désintox pour un mois minimum, sa maîtresse l'ayant drogué car trop ‘remuant’  en appartement, (et moi qui n’est pas de clôture, smiley) , l'autre une adorable staff toute mimi, mais qui impressionne trop le bosco, elle utilise son véto.
Une semaine passe nous tentons en dernier recours la SPA locale perdue au fond des bois.
Rebelote avec la sentence :

Pas de clôture.
Mais je vais quand même voir les chiens, pendant que le bosco se fight avec un cerbère pour une fois gardien de toutous.

 - Je n’irai pas voir les chiens, si je ne peux pas en adopter.

C’est chaud. il y a les cages avec ces yeux partout. Au milieu, une grande cour grillagée ou les chiens se détendent un peu les pattes. Comme toujours les aboiements ici ou là. C’est un passage tendu, tous ces cris. Au milieu de la cour ou tourne une meute hurlante, assise au sommet d’un monticule, elle me regarde.

Juste un regard. Je rentre. Le bosco a terrassé le cerbère et nous sortons avec la chienne au regard. Le courant passe.

Quelques jours plus tard, elle est sur le rafiot. Renommée Molly, elle bouscule ma vie du premier matin où elle se réveille. Me voilà avec vingt bornes par jour. Tout se fait désormais à pied. Évidemment je dors mieux. Elle mange tout ce qu’elle trouve, dépouille mon seau de petits bois et en fout partout. Je ne sais rien de son passé, à part son long séjour au refuge. Elle est marquée trois ans, mais ses dents ne sont pas toutes sorties et la travaillent toujours. Je pense que le véto, vu sa grande taille, s’est fourvoyé. Au regard de comment elle lape dans les caniveaux elle a dû vivre un moment dehors. Comme bibi a son âge. Sinon c’est une crème. Si un chien fonce vers elle en aboyant , beaucoup sont en liberté dans le périmètre, elle le laisse venir, à un mètre se penche sur ses pattes avant, lève son pont arrière, montre ses jolis crocs et lâche un WAAAFF retentissant qui stoppe net le malotru. 

Je commence à être un peu long. Une dernière. 

Je lui ai acheté un tibia de bœuf pensant que cela l’occuperait plus que les bouts de bois. Je pars me laver, certes je suis un peu long. Y a du taf le matin pour reprendre forme humaine.Je reviens, de l'os, il ne reste qu’un moignon. 

Voilà, la reine Molly qui vit désormais sans clôture, une vraie vie de kien.