Voilà un an que je mange sur la table du jardin. La pauvre commence à donner des signes de fatigue. Je dois serrer les boulons de la barre des pieds tous les quatre matins. en parlant de quatre matins , c'est comme le taf qui plus d'un an après mon départ continue de me poser des questions. comment ils exagèrent ces jeunes paresseux nerds.
Mais la table déglinguée, j’en ai eu marre, j’ai décidé de vivre un peu dans le confort en récupérant ma table de salon.
Les petits vioques aiment bien le confort.
Le quartier maître, qui désormais habite le logis d’Aulnay-sous ne mange pas à table. La table basse devant la télé lui suffit.
Ces enfants, à moitié vegan, mangent comme les oiseaux. Des graines, des légumes et de temps en temps un burger Hubert bonisseur de la bath Eat, pour ne pas basculer complètement du côté obscur. Bref je suis monté récupérer ma table de salle à manger, un bouzin en chêne avec des pieds en fer forgé. A deux on a du mal à la bouger.
La stabilité c'est la base.
Sur la route en regardant le bitume, seul dans mon camion, je me suis remémoré ‘running on empty’ cette chanson phare de ... j’ai oublié l'année. Topée dans les 500 cansonnes du siècle passé selon un 🦆 Rock
Il drache dur et comme il y a peu de monde dans mon sens je ne mets pas les essuies glaces. C'est usant. Le camion est bien plus confortable qu’il y a cinquante piges. Il y a un régulateur, une prise USB pour le portable et surtout un fauteuil avec un amortissement des chocs du tonnerre. Le ruban défile et je ne pense a rien, ou presque rien en surveillant l'écran de Waze.
Je courre sur le vide.
Les paroles me reviennent et sonnent étrangement après toutes ses années :
‘Everyone I know
Everywhere I go
People need some reason to believe
I don't know about anyone but me’
Rien de bien neuf sous les orages de 2024.
Il faudra tout décharger en arrivant. C'est l'immense combawa qui va être heureux de respirer l'air de la côte. Ça va lui rappeler la Réunion ou j'ai ramassé sa graine. Il atteint les deux mètres dans son pot. Il sera peut être pas nécessaire de le rentrer l'hiver, les gelées sont rares au large.
Mais il me faudra remonter dare dare rendre le camelard au mille mille. Et entier.
Je remet la ritournelle.
Le pied à fond sur l’accélérateur.
Merde ! Waze persiffle cinq cent mètres : kébour !
Un radar mobile !
Je lâche le pied, avec le poids je pense être passé en dessous. Faut que je me concentre au lieu de ressasser les seventies.
Un message WhatsApp du bosco sur la console du VW. Oui je veux bien le lire Tout haut
- 'ne pas rouler trop vite et attacher correctement ma ceinture'.
bien sûr.
je viens de la génération sans ceinture qui clopait en caisse,au bureau et même dans l'avion. Ha ha ! Le loueur m'a bien précisé :
PAS DE CIGARETTES !!!
Je lui ai ressortit la story de l'abandon de sister Nicotine pour un pari avec le quartier maître il y a 25 ans.
- Si tu lâche la tototte , j'arrête de fumer.
- Ok (on est trahi que par les siens)
Cependant avec les restes de ma clavicule brisée dans un accident de troisième mitan de horse ball, je l'attache cette foutue bretelle avant de monter puis me glisse en dessous.
c'est plus facile pour descendre rapidement en cas de biz et ça gêne moins mon réservoir à mousses.
je reconnais que c'est pas bien, mais je n'ai jamais vraiment été sécure.
Je remet le régulateur, met mes deux mains à dix heures dix et monte le son.
c'est reparti
Lookin' out at the road rushin' under my wheels
Lookin' back at the years gone by like so many summer fields