01 août, 2024

l'année du chat

 


 Je vient de lire dans une préface de Malraux " Et puis le fond de tout, c'est qu'il n'y a pas de grandes personnes " . J'aime bien ce phraseur.

Le vent a tourné. Il est passé pleine ouest.
Ça va creuser les vagues.
Je regarde mes carpes danser dans le ciel. le firmament d’un coup sans la moindre parcelle de nuage cotonneux.

Cette fois ci l'été est là.

Allez savoir pourquoi cette période me fait boucler, enfin radoter pour être raccord avec mon âge .Peut être qu’avec le calme de ma caverne, les souvenirs enfouis ressurgissent d’un coup, crevant comme des bulles nostalgiques la surface de ma mémoire. Le ciel bleu, le hamac, il suffit de peu de choses pour voyager dans le temps.

Voilà que, comme une mine sous-marine détachée de son support, Zabou a crevé la surface étale de mes souvenirs juste au moment où je cherchais un éventuel nuage dans ce dôme bleu Caraïbes. Très kitsch d’ailleurs cette voute toute bleu. Cela me rappelle ce graffeur sur paris, Regarde le ciel écrit en cursive, partout.
Faudra que je fasse une catégorie rencontre dans ce blog. Il y en a déjà quelques-uns ici ou . Faut que je randomise tout ça.

C'était l’été de la sortie de ‘darkness on the edge of town’. Un Springsteen bien dans son époque. il faisait une chaleur identique a aujourd'hui et j’usais mes vingt deux piges dans un camping de la côte basque. C’est curieux comme ces croisements de gens sont, des souvenirs, ceux qui me restent le plus dans la caboche.

J'étais en période Wild. Lâché par ma bande, solitaire , famélique silencieux ,torpillant les deux francs six sous de mon livret A, avant de percevoir le militaire au mois de Décembre. L'idée m'enchantait pas le moins du monde.

Ce camping désuet que j’ai déjà évoqué ici, ça radote sec, était un plan pour Kékés buveur de momies et de surfeurs Australien défoncés. Un vrai repaire de coupe-jarrets et autres rêveurs dangereux.
J’ai toujours été doué pour ne rien faire. Chacun son don.

Mais revenons à la belle Zabou.
Il y avait un bar avec une terrasse, des petites tables rondes rouge basque, forcément, avec des chaises pliantes associés. La chaleur de ce début août poussait aux demies sous la fraicheur d'un énorme figuier.

Une fin d’aprèm, elle s’est posée à ma table en retrait du brouhaha, directement et sans faire de chichi. Bien évidemment je lui ai offert illico un San Pellegrino. D'abord je n'avais pas causé à une meuf depuis plus d'un an et quelqu'un qui commande un San Pellegrino c'était très intriguant pour moi.

Après on à papoté toute la soirée. Jusqu'à l'arrivée  de la fraîcheur, la brise marine. Elle attendait son dealer, moi une basquette, Basquaise qui m'avait blokeatua le cœur ,sans même un muxu. On est couillon à vingt piges. 

On a vite échangé nos pedigree. Une parisienne rive gauche pur jus vs un zonard du neuf cube. Rencontre plus qu’improbable. 

  • Comment je pouvais partir à l'armée sans me faire réformé ? 
  • Quelle musique j’écoutais ? 
  • Il faut que j'écoute Al stewart . Year of a cat. La pochette est fantastique.
  • Comme tu écoutes Lou Reed, Tu aimes le peintre Basquiat ?  
Un tourbillon de paroles qui ont vite noyé le coyote solitaire.
J'étais grisé. Ses bouclettes et ses yeux rieurs m'ont ensorcelé. marabouté.
Le revendeur n’est pas venu, ma basquaise non plus. Du coup je l’ai revu les jours suivants. Elle a continué de tisser sa toile. On s'est croisé en riant tout l’été.

Le truc bien c'est que ça m’a fait une correspondante pour quand j'étais à grelotter l'hiver suivant dans les neiges de la Schwarzwald.
Il n'y avait pas encore les portables et le réchauffement n’était même pas envisagé. On tapait les moins dix sept à faire les gros durs emmitouflés dans des parkas pourries ensevelis dans la neige et le verglas d'un coin surnommé la petite Sibérie.

Elle batifolait au states et m’a envoyé une carte en me précisant que mon adresse SP6827 était vraiment curieuse. Enfin je suis plus sûr du 6827. Ma mémoire s’use plus vite que ma mauvaise foi . Mais le préfixe SP oui.

On a continué nos relations épistolaires trois ans , peut-être quatre. Mais l’erreur a été de se revoir sur Paname. Il manquait le soleil et le piment d’Espelette. C’est un peu comme le syndrome piscine , dedans tout le monde est égal à égal. Mais en sortant les conventions, clans, castes, religions, et autres billevesées s'imposent. J'ai gardé sa correspondance longtemps dans ma malle, puis m'en suis séparé dans la cheminée quelques hivers plus tard. Se séparer des choses j'ai toujours eu un peu de mal. Mais la malle n'est pas extensible. Et si on dépasse un bagage on ne peut plus filer à l'anglaise.
Quand même, quand il fait chaud et que j’écoute ‘candy room’ ou ‘Badland’ me revient les yeux rieurs de Zabou. Cette façon qu’on les chats de jouer avec leurs proies. Juste pour le fun, le plaisir de la chasse.

J'espère que comme moi, elle a eu la chance de devenir une mamy super sérieuse. Enfin un vieux râleur dans mon cas.

Pense-t-elle aussi, parfois, à la fin de l'insouciante adolescence des seventies où elle se métamorphosait en chat pour ensorceler ces couillons de mulots de gars ?

Et l’année du Chat ? Elle l'écoute encore ?



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Allez y causez !
Avec le renouveau des trolls qui se la racontent, je modère systématiquement, normal ,je suis seul maitre à bord.
Donc ceux qui ne savent pas se tenir vont à la planche direct..

POST-SCRIPTUM : "toutes les fautes d'orthographe ou erreurs de conjugaison sont totalement indépendantes de notre volonté"