Ce fût une semaine mouvementée.
Mon ex-boss en est sorti les pieds devant.
Hop direction ad patres.
Un bonhomme avec qui j’ai louvoyé plus de trente piges, mes dernières années avant la quille.
Un type remarquable. Un cador comme on disait avant, rue Blanche. Un centralien qui avait monté sa boîte dans une niche et qui a passé sa vie à la bichonner.
Sa boîte, hein, pas la niche .
Un vrai entrepreneur.
J’aurais jamais pensé faire les éloges d'un patron ici.
Mais passé ses côtés autiste, c'était une épée dans son domaine et un keum droit.
En trente ans pas une engueulade. Qui peut en dire autant dans son taf ?
Bref, il a décroché le fanion du troisième décès du mois d'avril. Lui qui aimait la compète et les courses, arriver troisième, ça n'a pas dû lui faire plaiz.
Canné en deux coups les gros après un vilaine chute dans le hall marbré de blanc immaculé de son immeuble des beaux quartiers.
Momentanément, j'étais localisé sur mon bled du neuf cube, enfin : mon esprit village, comme il est vendu de nos jours, je ne pouvais donc pas, ne pas rendre un dernier salut à cette pointure du quinzième.
Contacté par une ex-collègue, à qui je promettais un dej sur Paname depuis longtemps, l'occase était trop belle pour ne pas faire d'une pierre deux carreaux.
Je vous arrête de suite, elle ne fût pas un Crush, il y a belle lurette que je ne suis plus un redoutable canis lupus.
En réalité, dans le passé ,c'est notre conversation qui nous rapprochait .
Comme si nos échanges sibyllins, nous poussaient l’un vers l’autre, vers une amitié solide au fil des ans, bien que de prime abord nous n’ayons rien de commun.
Déjà en gros macho, l’amitié avec une fille ne m'était encore jamais arrivée. Je sors d’une génération qui séparait les quilles des boutonneux à la primaire.
Avec un gros mur en plaques de béton au milieu, où on grattaient le ciment des joints pour les bignoler à la récré. Quand on jouait pas aux chars, ni aux paquets.
Puis leurs centres d’intérêts sont un peu éloignés de ceux d’un flibustier.
Par exemple, la bosco m’a traîné voir le film ‘Barbie’ au cinoche avec le mousse, j’ai rien capté. que tch'i.
Je me suis vengé en l’invitant à une projection ‘Les derniers hommes’.
Ça l’a un peu irritée deux heures dans la jungle. Smiley.
Donc, pour y revenir,cette collègue devait tenir du garçon manqué.
J'étais donc curieux de retrouver cette sirène, la distance du privilège de l'âge en bonus.
Ça n’a pas raté, nous sommes partis sur des papotages sans fin et bien que, conscient que nos vies aient bifurquées, la connexion s'est faite toute seule, comme si nous étions quittés hier, au lieu d’il y a dix ans.
Peut être plus ?
Nous sommes sortis, avec du mal à se séparer et une bonne heure de retard, de ce resto banal. Apaisé de l’âme comme si nous avions eu peur que cela ne ‘fonctionne’ plus entre nous. Que le fil soit rompu.
De ce moment triste, un enterrement est rarement folichon, bien que je commence à pratiquer fréquemment, il m’est resté cette sorte de joie intérieure, comme une chaleur de bonne humeur les jours suivants. Ce qui est rare chez les vieux cons.
Aléa jacta est .
Le boss étant calanché on ne se reverra sûrement plus, même cause, même effet que pour la bande du capitaine.
Mais on gardera le souvenir de cette petite ride de charme systématique au coin de l'œil. Comme un petit soleil supplémentaire au fond de la mémoire, pour les jours ou ça va partir, forcément, en vrille
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Allez y causez !
Avec le renouveau des trolls qui se la racontent, je modère systématiquement, normal ,je suis seul maitre à bord.
Donc ceux qui ne savent pas se tenir vont à la planche direct..
POST-SCRIPTUM : "toutes les fautes d'orthographe ou erreurs de conjugaison sont totalement indépendantes de notre volonté"