A mon âge canonique, ce qui est incredible pour un
flibustier, il n’est jamais très bon de laisser en tête de gondole une note qui
ne vous botte pas.
Donc je me colle a l’azerty dans l’ombre de ma dunette, avec
en fond une canzone que je vous mettrai en final. En ce chaud début de juillet voici donc l’histoire
de la boutanche de Maja.
En fait plus j’avance dans la vieillesse, plus j’essaye de
faire des choses inutiles, entre deux. Ce qui n’est pas le plus simple. Tout le
monde vous le dira. Les vioques sont débordés.
Mon dada ces derniers temps, en suivant Buck le croulant,
est de longer la grève, ou les rochers et de CHASSER le plastique. Ce mardi j’avais
déjà trois mètres de cordage de chalut vert, trois bouteilles d’eau minérales, les
super écolos, celles avec le bouchon attaché. Et un couvercle de bidon de
peinture de cinquante litres.
J’ai une technique. Je perce avec ma rallonge et associe le
tout cela avec un lien. Soudain au détour d’un tas de varech renaudant, une bouteille
de 33 style sprite dépasse. Je désolidarise
le goémon toujours avec le canif. Elle est bien bouchée et surprise !
J’éclate de rire. Il y a un papier roulé dedans. Une bouteille
à la mer en plastoc.
Le monde change, non ?
Mais les Bordelaises à la mer cela fait partie des histoires
de pirates. Cela à donc toute sa place ici. Surtout une ramassée sur une cote
de naufrageurs.
Une feuille de cahier format A4 avec un gribouillis bilingue
de Maja, dix ans , en classe de cinquième et qui cause mieux Molière que moi Goethe.
D’ailleurs a dix ans je redoublais ma sixième.
Mais laissons mémoire et continuons.
Si je trouve son mot je dois lui laisser un message. Elle a encadré
son adresse. La bouteille en plastique finira au recyclage. Mais les pirates
regrettent tous leurs dix ans. Je garde donc le papyrus.
Mercredi arrive le départ. Que faire du mot de Maja. Lui envoyer
une carte, c’est bien peu aventureux. Assis dans la cuisine mon regard tombe
sur la bouteille de vinaigre balsamique qui attend son voyage vers le pot à
verre.
Mais c’est bien sûr ! comme aurait dit le commissaire
bourré. Je nettoie le carafon. Lui colle le mot de maya roulé, attrape un de
ces magnifiques bouchons en liège de Nesson. J’en ai une collection avec leur joli voilier
au sommet. Un bout de scotch pour éviter l’infiltration et hop en spad vers la
côte sauvage. Un arrêt pour une photo et direction la mer par les rochers.
Le coin est dangereux. La mer est calme, mais des lames de
fond emmènent régulièrement les affaires et portables des pêcheurs trop sûr d’eux.
Il y a quelques années elle emmenait aussi des gens, mais avec tous les
messages de préventions, cela a tendance a diminuer. Le jet ski y est aussi
pour quelques choses.
Mais je suis trop long.
Dernière photo la bouteille repart pour l’inconnu. Je fonce en cinquième,
mon Lejeune a 12 vitesses, chez le photographe. Un petit mot pour Maja en
allemand. Bon j’ai perdu depuis mon passage au Lycée Delacroix de Drancy, mais
il y a le TRAD de google ;.)
Je lui dis que j’ai 7 fois son âge. Ou Presque et que si
elle a de nouveau des nouvelles de sa bouteille, en verre cette fois, c'est mieux pour la planète, qu’elle n’hésite pas a m’envoyer
un mail.
A suivre donc. Si la bouteille ne met pas dix ans à atteindre
le Brésil. Je vais vous dire je suis rentré joyeux. J’ai FAIT quelque chose d’inutile.
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