J'avais oublié les alysées. Le soleil se couche ,la brise se lève et chasse les tâches cotonneuses des nuages remontants de l'Atlantique.
Les grenouilles commencent leur sérénade.
La personne à la location de voiture a fait semblant de ne pas me reconnaître.
Trente ans après, ai je tant changé ?
Elle, à part quelques racines argentées sur sa crinière de jaie, a toujours le même regard amusé. Bon et quelques bracelets en or de plus. En tous cas elle n'a rien laissée paraître, juste un indice ou deux au moment de récupérer la Mustang de 4 chevaux.
Je me suis posé. Il était temps, le burn out pointait son blaire.
Sinon en vieillissant, le décalage marche dans les deux sens. En voulant descendre vers la mer voir l'état des sargasses, la route bétonnée était trop pentue au retour pour mes vielles guibolles.
Je pense donc que c'est ma dernière virée caraïbe.
Sur la petite rando d'une heure trente du château, fermé un dimanche de Pâques, ha ha ici on ne se refait pas, j'ai donné la canne bien droite, dénichée plus tôt, à un gamin qui cherchait un bâton avec son pépé.
Il a poliment refusé, mais je lui ai dit qu'à mon âge j'en avais pas, encore, besoin. Son grand daron a souligné avec un sourire en coin.
Franchement après j'ai regretté. Mon lourd sac à dos me brûlait le dos, je sentais le faisandé à deux mètres et j'ai dû faire, quelques, mais néanmoins importantes, pause dans la montée depuis la mangrove pour écouter mon palpitant se prendre pour Iron maiden.
Le plus désespérant est bien de ne pas se voir vieillir.
Mais comme je rentre dans de longues périodes de contemplation du vide, ou un truc similaire genre zap intersideral, je pense justement que je yoyote déjà un peu, et donc je vais pas désespérer si longtemps.
Et puis j'ai prévu une quatre heures de trotting dans la jungle depuis Anse Couleuvre. Histoire de charrier le destin.
En traversant par la D1, ou D3 , je ne sais plus voyez comme je formate rapide ! j'ai senti que j'étais moins à l'aise dans cette cathédrale de verdure ou les fougères de la forêt primaire disputent le terrain à des oiseaux de paradis rouge sang, crocs gros comme ma paume et flamboyants dans ce camaïeux de verts. J'ai du faire une petite marche arrière dans un virage pour laisser passer un pays qui montait en Hilux . j'ai bien dû m'y prendre à deux fois.
la route a été refaite mais le bitume est toujours si peu large. Et même si la taille des bambous t'arrête dix mètres plus bas, t'est pas sur qu'il ne fasse pas de toi une brochette enferraillée.
Le même soir, lundi de matoutou, enfin Pâques, après cette traversée somme toute aventureuse, la chasse à un truc à manger a été un sport de haut niveau. Jour férié ça golri pas. Nada sur la plage blindée mais ou tous les restaurants semblaient lourdés.
J'ai finis par bredouiller dans une antre cachée dans des vielles pierres un peu plus haut.
Grand regard inquisiteur du costaud tatoué de cuistot, affublé d'une charlotte improbable ,qui me retourne un,
En désignant ses tablées. Ce n'était pas une réponse adéquate, mais plié de fatigue je me suis bien gardé d'enrichir le débat. Les deux tavernes de plages précédentes les gens mangeaient attablés, mais en interrogeant le boss, ils ne faisaient pas à manger en ce jour Férié.
Le fameux mystère créole.
Le repas fut copieux. Excellent. Un poulet coco a damné un pirate. Enfin si c'est possible.
Avouez que d'autres ont des préoccupations plus compliquées que celle d'un si vieux flibustier zoreilles.
Chaque âge à ses plaisirs.
La je maîtrise ma migraine en écoutant les deux trilles répétitives d'un sucrier.
La brise, toujours elle, fait ce bruit si particulier dans les feuilles découpées de la végétation alentour. Il y a une énorme manguier dans le prolongement de ma vue. Juste avant la mer Caraïbes et ses voiliers, tâches lumineuses sur cet océan de bleu. Un Pacman blanc et turquoise.
Les moustiques m'ont mitraillés, mais il faut savoir accepter un juste retour suite à une petite pluie rafraîchissante.
Je vous laisse. Je vais me jeter une Lorraine.
C'est le meilleur remède à la migraine
Pas de ti-punch depuis mon arrivée, je me demande si je me transforme pas en une sorte de saint, des chevilles qui enflent par les piqûres des mosquitos.
En tous cas ce pays est toujours magique.
Mais c'est un lapsus. Tous les pirates sont morgane de la douceur Caraïbes. Non ?
Et puis on ne dois pas trop donner de pistes pour le trésor non ?
PS ma procuration est armée. Je vous vois.
Et j'ai pas vu une seule affiche de la blonde depuis mon arrivée, quoique j'ai peut être mal regardé ou
c'est peut être un jeu de piste, ici .😉