Voilà bien deux mois que mon genou gauche me les brise menues.
Bon au début je me suis dit c'est le sucre. Ou un genre de goutte lié à l'abus de ti-punch. Boisson,dont je reconnais volontiers, un certain abus par ces soirées confinées à écouter jacasser des brêles dans le poste.
La douleur ça a une mémoire.
Il y a peu de douleurs identiques. Parlez en aux tortionnaires, comme Jean-Marie il vous expliquera que sinon on tarauderait toujours au même endroit.
Mais avec les zanés ma mémoire est embuée.
Je me rappelle de celle de la clavicule fracassée, avé la turvoi société avant que la ceinture existe. Je me rappelle de celle du bras, pété à la colo d'héry sur Ugine quand un couillon voulait en finir du haut d'un sapin, pour une déception amoureuse. J'ai oublié le nom de ce cave, mais pas le coup d'électricité quand j'ai chuté dans le ravin en reculant sans regarder. Tout ça pour mieux capter la cime de l'arbre et en même temps toutes ces bonnes âmes qui au pied de l'épicéa lui hurlaient de descendre.
Mais le genou ?
Non. Je me rappelle du malaise suite au coup de batte de criquet morflé en pleine caboche par ce con de Vergilles parce que j'avais déniché leur planque au jeu de la collerette. Ça m'avait valu une radio du crâne à l'hosto de Briançon.
Mindieu je me rappelle de l'intensité de presque toutes , mais pas de ce foutu genoux gauche.
Et puis, l'idée c'est imposée quand j'ai voulu monter l'échafaudage des travaux du bateau. Impossible de le lever ce fameux organe en mawashi guerri . J'ai donc abandonné mon pinceau et cherché au fond de mes souvenirs d'où sortait cette douleur. Le mawashi c'est le même mouvement que pour monter à cheval.
A yé. Je l'ai.
Une souvenir de Leffe qui m'avait écrasé la jambe contre le pare botte sur quelques mètres lors d'une partie de horseball. J'avais été un moment à traîner la guibolle.
Mindieu que j'aimais ce cheval.
Quelle nostalgie j'ai pour l'équitation. On m'avait mis chez cet ex colonel parce que j'étais trop introverti et réservé.
Et bien. Quel résultat.
Tiens puisqu'on cause douleurs et canassons.
Et celle du pouce retourné, tu l'a ?
Quand c'est chaud et que t'a fini de pleurer, tu trouves vite fait un palefrenier qui te le remet bien droit, d'un coup sec et te colle le même onguent qu'on colle au genoux cagneux des vielles carnes.
Tiens c'est cela qu'il faut que je dégotte. Un cataplasme pour rossinante.
Allez, j'ai ma troisième note de février.
Portez vous bien, avec le masque et n'oubliez pas de hiérarchiser vos douleurs ;.)
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