19 septembre, 2016

les inséparables

Ces deux la, on ne prononçait jamais le nom de l'un sans y associer l'autre. Il y a des raretés comme cela. On disait pas Chris,ou Mowgly on les regroupait tout les deux dans un ,nous dirons, trisan&Iseult (*) qui marquait bien la fusion de ces oiseaux.
Ils s'étaient rencontrés au collège Victor Hugo.Il venait d'ouvrir non ? Au 3000 quand on les nommait encore.
Et ils s'étaient plus quittés.
Lui était plus pirate que moi. Intransigeant et entier, il ne faisait aucune concession au système. De toutes les luttes, de toutes les injustices. 
Un mec rare, aussi droit dans ses bottes, que discret dans ses actions.
Au cours de toutes ces décennies,pas un seul d'entre nous ne l'a vu dévier de sa ligne et, qualité bonus,sachant causer d'autres choses quand la vie nous regroupait. 
Par exemple,avec bibi il causait photos et zik des heures...
Car si l'amitié nous lient tous,son engagement était loin d'être partagé dans cette bande de mômes dégarnis et redoutables.
Un vrai politique. De la définition de ce mot, quand il avait encore un sens.
Elle, était son yang, un peu comme le nuage de lait dans l'expresso. Je n'ose imaginer les extrémités ou il aurait pu dériver si, il ne l'avait pas rencontrée.
Au fil de nos réunions d'anciens, les gris du neuf cube, on ressassaient toujours les mêmes histoires, la Valstar au mille mille et les concerts de Peter Gabriel sur Paname.
Ou bien la savoureuse,celle de nos géniteurs qu'on avait mis un soir de teuf dans la cuisine de la minuscule maison en bois du vert-galant, pour qu'ils discutent d'Aulnay loin du bruit et des complots de notre furieuse jeunesse.
Des anciens qui papotaient encore de leurs vies au petit jour et de leurs amis communs qu'ils s'étaient découvert pendant la nuit, devant un godet de Patxaran, alors que nous rincés, on voulaient plier les gaules.
Voilà... 2016 ne fait pas de quartier. 
La salle est bondée. Trop petite. Ça s'entasse jusqu'à l'entrée.
Coincé contre la porte , des mots me parviennent de l'oraison, kamarad,...combat..travail et surtout solidarité qui boucle. 
Bowie passe en sourdine.
En touchant la caisse à la hauteur de l'épaule, Vu qu'on était vraiment du même gabarit, j'ai eu cette curieuse idée. Voilà donc ma taille.
Puis profitant de l'ombre d'un chêne liège avec les vieux,le soleil tape pour mi-septembre, je regarde tout ce monde qui c’était tassé dans la salle de ce crématorium.
Ils attendent maintenant sous le ciel si bleu de cette jolie clairière bordée par la pinède.Beaucoup de jeunes gens, la dégaine plus Zadiste-surfeur que Macroné-wallstreet. 
Au milieu, impériale avec sa crinière blanche relevée en chignon et le visage laminé de douleur, sa moitié, comme une reine de chagrin détachée du monde qui l'entoure.
Je ne sais pas si je serai  aussi courageux, dans la même situation. Je crois pas.
En passant plus tard au bord de l'Adour, au sortir de la collation dans une peña, 



j'ai lancé un de mes quatre cailloux ronds, ceux toujours au fond de ma poche. 
Le blanc. Les autres étaient loin devant papotant à la recherche d'une terrasse à l'ombre.
Il a fait un ploc pile dans l'axe entre une rangée de volets rouges et verts.
Bye mec...
Ces deux la, on ne prononçait jamais le nom de l'un sans y associer l'autre. Il y a des raretés comme cela.

Les inséparables.



(*) ici on conserve l'anonymat ,les pseudos c'est une mode inénarrable chez les pirates 

4 commentaires:

  1. Il est bien beau ton billet...
    Je n'ai pas trop de mots, mais je t'envoie mon amitié.

    Décidément, le mois de septembre est bien triste...
    L'année dernière, je me souviens, il revêtait pourtant des couleurs d'or pour annoncer l'automne châtoyant...

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    1. Merci, oui j'ai ma dose pour 2016. si ça pouvait se calmer un peu, ce serait un automne flamboyant...

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  2. "Et l'autre reste là, le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
    Cela n'importe pas, celui des deux qui reste se retrouve en enfer"
    Fais lui retrouver le goût de l'eau, si tu le peux.....

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    1. Je ne sais.
      Ma compassion et mon amitié c'est tout ce que j'ai en stock.
      Mais chacun l'aidera, d'une façon ou d'une autre.Car les liens de l'enfance sont ce que je connais de plus forts.

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Allez y causez !
Avec le renouveau des trolls qui se la racontent, je modère systématiquement, normal ,je suis seul maitre à bord.
Donc ceux qui ne savent pas se tenir vont à la planche direct..

POST-SCRIPTUM : "toutes les fautes d'orthographe ou erreurs de conjugaison sont totalement indépendantes de notre volonté"