13 décembre, 2015

Leffe


Il suffit d'une semonce.
Vous savez ce truc qui vous surprend un jour gris comme les autres.
Un frein du spad qui lâche juste devant la camionnette qui déboule de droite à plus de cinquante sur le rond point Édouard VII.
Ou cette vilaine fatigue qui vous cloue pendant deux jours, avec ces symptômes chelous, que même vous lâchez le ternet pour ne pas affronter le déprofondis Doctissimo.
De toute façon trouver un toubib sur Aulnay, c'est la blague maison.
- t'a appeler le nouveau toubib ?
- oui, il ne prend plus de nouveaux patients
Alors, on se dit,la, le fil est tenu. 
Ça pourrait s'arrêter comme ça, pouf...
Le plus embêtant pour moi, c'est que j'ai pas tout raconté, enfin l'essentiel.
Et dans l'essentiel il y a Leffe.
Pas la marque de bière, bande de soiffards. Non le sus nommé avait sûrement hérité d'elle son nom à cause de sa robe alezan mordoré.
Ha... les chevaux, peut-être la passion de mes vertes années que je regrette le plus. À l'époque les bois n'étaient pas aussi fréquentés. Il n'était pas rare que dans nos virées à donf sur la serpentine, il n'y ait les dix pour cent de casse autorisé par notre ex légionnaire de meneur. Que de souvenirs d'adrénalines et de liberté.
Galoper de front dans les chaumes, cravaches au clair,hurlant 'A la poussière !', avec l'ivresse du vent d'hiver et le sourd bruit de la charge comme musique de fond.
Oui je regrette.
Et parmi tout ces canassons disparus, revient ce fameux Leffe qui traîne encore fièrement sur mon foutoir de bureau.
Ce ne fut pas le plus beau,ni le plus rapide, comparé aux formules un de la piste des lions  une décennies plus tard.
Mais lui et moi on était potes. De vrais potes. Petit cheval de club, il était connu pour se débarrasser du premier kéké qui voulait jouer les cadors sur son dos. Pourtant j'ai gagné mes premières [et seule coupes si je me souvient bien] avec son concours.
Rapide, capable de sauter du gros malgré son petit gabarit. Et une terreur en cross.
Ha la jeunesse  insouciante et ingrate...
Un jour j'ai pris mon envol pour d'autres aventures. De retour dix ans  plus tard le petit cheval avait été remplacé.
On ne demandait pas, en ces temps, ce qu'était devenu un vieux cheval de club.
Les pensions de retraite était encore réservées à quelques propriétaires nantis.
les années ont filées.
Il y a quelques semaines en vadrouille avec Buck, j'ai remonté la serpentine abandonnée. Envahie par les ronces et bloquée par deux châtaigniers couchés par les tempêtes. Cependant la mémoire des foulées entre chaque virage, elle par contre, était toujours la.

Voilà le prochain chauffard, je pourrai éviter de me viander sur le trottoir.
L'essentiel est presque fait.
Et puis sur, qu'il m'attend, ensemble, on hantera la serpentine.
Gare les ramasseurs de champignons.

2 commentaires:

  1. Oula,
    hors de question de te laisser filer comme ça !

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    1. Merci, Tsss, l'orage est passé. Tu connais la maxime des mauvaises graines dans mon genre.
      - ce qui ne me tue pas me rend plus con.
      Mais au moins j'ai avancé dans mon bestiaire... ;.)))

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Allez y causez !
Avec le renouveau des trolls qui se la racontent, je modère systématiquement, normal ,je suis seul maitre à bord.
Donc ceux qui ne savent pas se tenir vont à la planche direct..

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